Historique de la formation
Depuis la crise de 1929, le métier de luthier était en déclin, tout particulièrement à Mirecourt. La concurrence de la T.S.F. et du disque microsillon puis le nouveau bouleversement de la deuxième guerre mondiale n’arrangaient pas les choses. Les mœurs évoluaient, de nouvelles habitudes se prennaient, la musique populaire et de grande diffusion l’emportait sur le répertoire classique. Tant et si bien que dans les années soixante, il n’y avait plus beaucoup de luthiers.
La dernière manufacture de Mirecourt, la maison Laberte, ferme ses portes peu avant 1970.
Dans Mirecourt, qui fut pourtant une capitale de la lutherie mondialement reconnue, il ne restait plus qu’une dizaine d’artisans travaillant à la fabrication d’instruments de musique, et bien peu d’apprentis y étaient formés.
1964 est une année importante. En effet, André Malraux, ministre des affaires culturelles, charge Marcel Landowski d’un grand projet : redonner aux Français le goût de la musique par la création d’écoles et de conservatoires.
Cette action est positive et s’avère une chance pour la lutherie Française. En effet, on constate qu’il faut agrandir le parc d’instruments de musique, à cordes frottées en particulier, et qu’il faut une main-d’œuvre de qualité pour entretenir et régler ces instruments.
On se rend compte qu’il y a un véritable creux de générations et qu’il va falloir former de jeunes luthiers. Les quelques rares apprentis ne suffiront pas.
L’idée d’une école s’impose donc. Mais sera-t-elle privée ou publique ? Située à Paris, à Lyon, ou à Mirecourt ?
Les luthiers Étienne Vatelot, Jean Bauer, Jean Schmitt, participent parmi d’autres à ce débat. Finalement, à la demande du Groupement des luthiers et archetiers d’art de France (GLAAF) et avec le soutien des ministères de la culture et de l’artisanat et des autorités locales, une section lutherie est créée au sein du lycée nationalisé de Mirecourt.
En septembre 1970, l’école de lutherie ouvre ses portes. Les tout premiers élèves, au nombre de cinq, travaillent sous la direction de René Morizot, artisan luthier installé à Mirecourt. Il faut alors tout organiser, les besoins matériels sont énormes et les luthiers à l’origine du projet doivent mettre la main à la pâte en remettant en état rabots, établis, etc.
Dès la rentrée suivante, s’ouvre dans les mêmes locaux une section archèterie dirigée par Bernard Ouchard, archetier originaire de Mirecourt.
Depuis cette date ce ne sont pas moins de 300 futurs luthiers et archetiers qui sont passés par l’École Nationale de Lutherie avant de parfaire leur formation en France et à travers le monde.

